J’entame ma vingt-deuxième année d’IEF . Fidèle au poste. Je prends une année à la fois, aucune n’engage automatiquement la suivante! Aucun militantisme ni prosélytisme n’est à la base de cette décision. Nous pratiquons l’école à la maison car elle convient à notre famille. Nos enfants s’y épanouissent, y progressent. Nous ne faisons pas l’IEF parce qu’ils sont ainsi meilleurs (à l’école certains sont plus performants que les nôtres)! Nous vivons l’IEF car nous donnons à nos enfants ce que nous croyons être le meilleur pour eux… en gardant en tête de les intégrer à notre société.
J’ai pu assister à tellement de publicités mensongères inondant les réseaux de l’IEF depuis deux décennies. S’il faut un minimum de ressources pour entreprendre un tel parcours, nos enfants ne seront pas plus « heureux », « intelligents » avec le matériel fort dispendieux qu’on ne cesse de nous vanter…
Plusieurs parcours IEF peuvent nous faire rêver! Un tour du monde en goélette à découvrir les poissons tropicaux nous semble un enseignement tellement plus « vivant » que notre encyclopédie sur le coin de la table de cuisine… Mais la goélette dans les tempêtes océaniques est-elle l’endroit le plus sécuritaire pour instruire son enfant?
Les maisons d’édition regorgent d’astuces pour vendre des livres plus merveilleux les uns des autres et les parents soucieux (ceux d’IEF le sont particulièrement…) y sont sensibles. Que n’ai-je ce budget illimité pour acheter tout ce matériel dont je rêve pour mes enfants!
Je ne nie pas que tous ces livres, ces cahiers fabuleux soient stimulants pour les enfants! Ils sont peut-être (j’insiste sur le peut-être) utiles. Pourtant, l’essentiel n’est pas là…
L’école à la maison a un coût, on ne peut le nier. Vous n’aurez aucune allocation de rentrée si votre enfant ne suit pas un cours par correspondance. Il faudra des cahiers, des feuilles, des stylos, des crayons, le petit matériel… Il faudra quelques manuels de base (trouvés parfois d’occasion ou pas). On doit aussi compter les inévitables photocopies (même si j’espère en faire le moins possible -cette année, c’est raté!). Il y aura sans doute quelques visites pédagogiques et les activités permettant aux enfants de socialiser.
Une fois ces dépenses essentielles effectuées, le reste n’est que superflu… Le matériel fort joli et onéreux n’est pas une nécessité. Les ventes de services autour de l’IEF ne sont pas nécessaires non plus. Vous avez tout sur le net pour répondre à vos questions (blogs, pages Facebook, forum…).
Cependant, une seule chose est absolument essentielle et ne peut s’acheter: votre présence. Un enfant ne peut pas se gérer par lui-même! Nous aurons beau lui fournir le meilleur matériel, l’inscrire à des CPC, si nous ne sommes pas là à ses côtés à le suivre, notre enfant aura du mal à avancer. Pour enseigner à notre enfant, nous devons lui donner de notre temps: du temps pour lui expliquer les leçons, pour lui répéter les explications, pour accompagner son raisonnement (« toujours » prend toujours un s), pour l’encourager, le valoriser, le « corriger » dans ses erreurs, pour évaluer sa progression, pour être réactif et répondre à ses intérêts, pour l’orienter afin qu’il développe ses passions, pour lui offrir du temps pour jouer, pour explorer la nature ou le parc de la ville… Le temps est gratuit mais n’a pas de prix.
La prochaine fois que vous vous assoirez avec votre enfant à cette table de cuisine en guise de classe improvisée, que vous sortirez les cahiers achetés au supermarché du coin, en suivant le manuel d’occasion que vous aurez choisi, réjouissez-vous de penser que vous lui donnez l’essentiel en vous consacrant à cette noble tâche!
