Une petite anecdote m’a fait sourire dernièrement. Nous étions dans une librairie d’occasion et ma fille de quatrième se dirigeait vers la section romans classiques. La libraire l’intercepte et lui indique la section enfant/adolescent pour les romans. Ma fille lui dit qu’elle cherche du Shakespeare et n’en trouve pas dans ces rayons. La libraire le lui déconseille en lui affirmant que c’était trop difficile… Ma fille lui dit poliment qu’elle a déjà lu Hamlet qui lui a plu et maintenant, elle voudrait bien s’attaquer à Roméo et Juliette.
Cette année, elle a lu le Horla de Maupassant, Claude Gueux et les Misérables de Victor Hugo, Au bonheur des dames de Zola qui rejoignent le programme. Elle lit en ce moment Anna Karenine de Tolstoï qui lui plaît beaucoup, après avoir découvert Pouchkine dans la nouvelle La dame de pique. Ces lectures aux sentiments puissants tels qu’on les retrouvent dans les œuvres de Shakespeare et de la littérature russe correspondent bien à cette période de la vie à condition de bien les choisir. Ces œuvres ouvrent sur des problématiques sociales ainsi que sur de grands sentiments humains universels.
Ces lectures ne sont pas exceptionnelles à son âge.
Quand on regarde ce que les jeunes lisaient autrefois, il n’y a pas de quoi s’étonner et surtout pas de quoi dissuader les bonnes volontés. Elle lit également des romans « de son temps » pour le plaisir, mais le plaisir de lire des classiques a toute son importance pour la formation de son esprit.
Le psychiatre Christophe André précise que les romans classiques ont cette qualité unique de permettre le contact de sentiments plus « bruts » car leurs auteurs classiques n’étaient pas soumis à des lois de maisons d’édition qui, aujourd’hui, dirigent davantage l’écriture en répondant à leurs critères particuliers. Le marché des adolescents est envahi par le style fantasy. Il est dommage de les limiter à ces lectures…
